dimanche 17 juillet 2011

La guerre de Sécession de John Keegan


Conflit fort peu connu du grand public français voici donc venu l'occasion de le découvrir grâce à cette Guerre de Sécession du Britannique John Keegan, déjà auteur de nombreux ouvrages sur le sujet militaire.

Nous avons entre les mains un ouvrage de près de 500 pages organisé en 23 chapitres. Le livre est principalement découpé en 3 parties: les causes de la guerre et la situation des deux camps à son démarrage, la description du conflit proprement parlé et enfin une analyse des composants et des particularités de cette guerre.

John Keegan nous décrit les causes de cette guerre civile et nous expose quelles sont les prédispositions militaires des Américains à la veille et au début de la guerre: le cruel manque de cadres militaires compétents, les armées de volontaires locaux, la géographie du territoire quasiment inconnue des états-majors. On comprend que le début de la guerre sera presque amateur mais déjà meurtrière.

La plus large partie du livre nous mènera donc de champs de batailles en mouvements stratégiques, l'auteur n'hésitant pas à terminer son exposé sur un front pour reprendre en arrière sur un autre, ne déroulant pas l'ensemble du conflit d'une façon strictement chronologique. J'ai beaucoup aimé cette façon de procéder, permettant d'aller jusque bout d'un théâtre d'opérations avant de passer au suivant, les interactions étant finalement peu nombreuses.

Le véritable intérêt du livre réside peut-être dans sa troisième partie où Keegan prend le temps d'exposer des faits et des aspects plus rarement abordés par ailleurs: le rôle des soldats noirs, la constitution des différents fronts du conflit ou les compétences des généraux. J.K. n'hésite d'ailleurs pas à modérer le mythe de Robert E. Lee, souvent considéré comme le véritable héros et donc comme militairement supérieur à ses contemporains aussi bien Sudistes que Nordistes, Ulysses S. Grant et Willian T. Sherman reprennant ici le devant de la scène.

J'ai beaucoup apprécié la lecture de cet ouvrage, à l'écriture simple et précise. On est bien sûr tenté de le comparer à La Guerre de Sécession de James M. Mc Pherson, considéré par beaucoup comme l'analyse définitive sur ce conflit. L'approche n'est pas la-même: là où le Keegan brille par sa synthèse, le McPherson éblouit par son exhaustivité. Je ne pourrai donc que conseiller le premier à ceux voulant découvrir cette guerre sans se noyer dans les détails, tout en se permettant une véritable plongée dans la complexité et l'horreur de cette guerre fratricide qui a modelé la société américaine.

Pour ma part j'aurais pu considérer ce livre comme parfait s'il avait été agrémenté de suffisamment de cartes claires afin de suivre les très nombreux mouvements d'armées sur un territoire que le Français moyen que je suis ne connais pas par cœur. Certes le livre dispose de quelques cartes mais à mon sens bien insuffisantes pour rendre la lecture complètement claire et limpide. Je m'étais aidé pour ma lecture de cette carte. Une édition augmentée d'une cartographie à la hauteur de la qualité de l'écrit de Keegan en ferait une œuvre presque ultime.

Mais ne boudons pas notre plaisir, cette Guerre de Sécession est véritablement un must sur ce sujet, je vous en conseille plus que chaudement la lecture!

Arnaud

6 commentaires:

David a dit…

Je suis en train de le lire après avoir affronté le Mc Pherson qui est un monument dans le genre.

Keegan synthetise en emettant toujours des hypothèses et des points de vue souvent "rafraichissants".

Anonyme a dit…

La lecture de Keegan m'a donné envie de lire Mcpherson, le style est bien écrit mais Keegan se répète assez souvent (ce qui m'a un peu agacé) et son affirmation selon laquelle à la fin du conflit n'importe laquelle des deux armées (Union et confédération) aurait pu écraser n'importe quelle armée européenne m'a laissé dubitatif même si je reconnais la valeur des deux armées en cause, les armées européennes de l'époque ne manquait pas non plus d'expérience et savait sans doute mieux faire usage de l'artillerie (c'est l'européen chauvin qui s'exprime) en tout cas bon ouvrage pour appréhender ce conflit. Ludovic

Justin a dit…

Quelqu'un a-t-il lu l'ouvrage de Bruce Catton. Comment se situe-t-il par rapport à ceux évoqués dans le billet ?

Dimicatio a dit…

Ludovic: les répétitions de Keegan ne m'ont pas gênées, cela permet de garder en tête ces points importants pendant la lecture. A savoir qui des armées américaines ou européennes auraient été les plus fortes, j'oserais dire que bien heureusement nous n'en saurons jamais rien. Certes l'artillerie ferait défaut aux américains mais avouons que les Américains ont appris les dures réalités de la guerre bien au-delà de ce que leurs contemporains européens l'ont pu. Là où Keegan je pense à raison d'insister c'est sur la nouvelle approche de la guerre, ne constituant plus en tout cas en 1864/65 à rechercher la bataille définitive... ce qui aurait sûrement bien surpris les européens!
Un excellent livre qui permet de débattre :)

Ludovic a dit…

aTomm, malgré les critiques dans mon message précédent j'ai tout de même bien aimé Keegan et effectivement l'abandon de la recherche de la Bataille définitive aurait laissé sur leur séant les européeens. L'âge de la guerre d'usure, de la guerre totale arrivait...et si quelqu'un l'a lu, me conseillez vous Mcpherson ?
Merci :)

Dimicatio a dit…

Salut Ludovic!
Le débat reste ouvert c'est bien ça :)
Pour le McPherson on est dans une autre sphère je trouve. Je trouve le McP. moins critique, il expose plus les faits là où Keegan donne son avis un peu sur tout (d'ailleurs les dabts sont plus souvent portés sur le Keegan que sur le McP, une bonne preuve). Par contre McP excelle réellement dans son exercice: on a l'impression que tout y est, jusqu'aux moindres détails (presque un handicap dans mon cas, j'ai frôlé l'indigestion par moment). Le McP reste néanmoins LA référence mais je pourrais lui trouver un certain manque critique.