lundi 12 décembre 2016

La VF de Conquest of Paradise en ligne


https://www.dropbox.com/s/4b1m8hz5my88l7r/Conquest%20of%20paradise%202e%20ed%20VF.pdf?dl=0Changeons un peu des GI et des Romains avec ce Conquest of Paradise. Un thème loin d'être rebattu même s'il en est déjà un que j'aime bien: ce bon vieux Tahiti de 3W. 

Il s'agit bel et bien ici d'un 4X (eXplore, eXpand, eXploit et eXterminate) historique. Celui-ci à l'avantage de comporter un véritable mode solo dans une édition augmentée et complétée par rapport à l'édition précédente.

Voici donc les règles en français de ce jeu qui fêtera ses 10 ans l'année prochaine.

Enjoy.

Arnaud

dimanche 11 décembre 2016

Days of Ire: Budapest 1956 - histoire d'une insurrection


« Nous le jurons, nous le jurons, que nous ne serons esclaves plus longtemps ! » 
Nemzeti dal (Chant national) - Sándor Petőfi 1848


Ce jeu qui est, pour moi, une des très bonnes surprises de cette année sera disponible en boutiques début 2017, probablement vers la fin janvier.

Il est donc grand temps de vous en parler d'autant que, cette semaine, j'ai enfin pu en faire une partie complète en mode compétitif.

Un peu d'histoire

L'après guerre

La prise de pouvoir progressive de l'URSS sur les autres pays du bloc de l'Est aboutit, en Hongrie, le 20 août 1949 avec la création de la République Populaire.

Déstalinisation

Imre Nagy (phot. Erich Lessing)

Avec la mort de Staline (5 mars 1953) et l'arrivée au pouvoir de Khrouchtchev s'engage un long processus de sortie du totalitarisme dont le premier effet, en Hongrie, est l'arrivée d'Imre Nagy comme premier ministre.
L'homme est un modéré, presque un dissident, il démarre une ambitieuse politique de réformes.

Manquant de soutien au sein du parti des travailleurs, malgré sa popularité, il est destitué en avril 1955 et la plupart de ses réformes sont annulées.

En février 1956 lors du congré du PC, Nikita Khrouchtchev présente son Rapport sur le culte de la personnalité.
Malgré son caractère confidentiel (présentation à huis clos devant les délégués soviétiques uniquement) ce rapport va fuiter et avoir un effet sur les pays satellites.

Ainsi, dès le mois de juin à Poznan (Pologne) les revendications ouvrières et les violentes émeutes qui s'ensuivent se concluent par le retour au pouvoir d'un dirigeant réformiste.

Insurrection

Time du 7 janv. 1957
Inspirées par l'exemple polonais, les organisations d'étudiants et d'intellectuels hongrois organisent une manifestation de soutien à Imre Nagy le 23 octobre 1956.

Ce sont des milliers de personnes qui marchent vers le parlement tandis que d'autres se réunissent au pied de la statue du général Josef Bem (au nom de l’amitié avec la Pologne) et qu'une délégation étudiante pénètre dans la radio nationale pour y diffuser ses revendications.

Cette dernière est arrêté. La foule réclame alors sa libération ce à quoi les forces de la police secrète répondent en ouvrant le feu.

La nouvelle va se répandre rapidement déclenchant le début des émeutes dans toute la ville et de la révolte dans tout le pays.

Combattante du passage Corvin

Le lendemain, la population brave le couvre feu afin de mettre en place des barricades et installer des garnisons à des points stratégiques, notamment au passage Corvin.
Ceci pour faire face à l'arrivée des chars soviétiques qui ont reçu l'ordre de pénétrer dans Budapest pendant la nuit.

Le gouvernement fini par tomber et Imre Nagy, désigné premier ministre le 28 octobre, forme un gouvernement pluripartite, obtient un cessez-le-feu et le retrait des troupes soviétiques et se lance dans un processus de démocratisation de la Hongrie.

Il n'a malheureusement pas le soutien des soviétiques. Pire, János Kádár (son ennemi politique) s'entend avec ces derniers pour fomenter un coup d'état.
L'armée sovétique entre donc en Hongrie à partir du 1er novembre et dans Budapest le 4.
Le mouvement populaire sera noyé dans le sang.

Conséquences

Pour les hongrois, la conséquence directe sera une terrible répression.
Plusieurs milliers d'entre eux seront arrêtés et jugés. Une grande majorité sera condamnée et 13 000 emprisonnés. Il y aura également plusieurs centaines d'exécutions ainsi que quelques centaines de déportations en Union Soviétique.
200 000 quitteront également le pays.

János Kádár prendra la tête du nouveau Parti socialiste ouvrier hongrois et la conservera jusqu'en 1988.
Tombe d'Imre Nagy
Il est à noter que, s'il a été l'instrument de l'Union Soviétique et bien qu'il ne remettra pas en cause la dictature du parti unique, il s'emploiera tout de même à libéraliser, dans une certaine mesure, le régime hongrois.

D'abord réfugié dans l'ambassade de Yougoslavie, Imre Nagy sera arrêté quelques semaines plus tard puis déporté en Roumanie.

Exécuté en 1958 à l'issu d'un « simulacre de procès » et enterré sous un faux nom, il sera finalement réhabilité par le parti en 1989 puis réinhumé et aura droit à des obsèques nationales.

Au niveau international, le principal effet de cette insurrection sera la prise de conscience des méfaits des régimes communistes, provoquant notamment des clivages dans les partis communistes d'Europe de l'Ouest.

Sources

Je n'ai surtout pas la prétention d'être historien et j'ai d'abord cherché à donner un maximum d'éléments permettant d'associer l'histoire et le matériel du jeu (que je compte décrire dans le prochain article).

Un peu de lecture sur le net m'a beaucoup aidé et voici quelques liens que vous pouvez consulter :
Quoi qu'il en soit, n'hésitez pas à me faire part de vos remarques.

lundi 5 décembre 2016

Black Orchestra: Hitler doit mourir!


Vous voilà au cœur du complot. 
Mais pas n'importe lequel. 
Celui qui osa tout tenter pour mettre fin à la vie d'un des plus grands dictateurs que le monde ait connu: Hitler lui-même. Le "Schwarze Kapelle" comme l'appelait la Gestapo était en effet majoritairement composé de militaires allemands combattant le nazisme. Et vous êtes l'un d'entre eux. 

 
Sept des neufs complotistes disponibles (les 2 autres sont déjà en jeu).
Black Orchestra est donc un jeu coopératif de 1 à 5 joueurs. Vous devrez assassiner Hitler avant qu'il ne soit trop tard. Le temps est représenté par 7 paquets de 10 cartes (deux sur les 12 disponibles étant retirées à chaque partie pour la rejouabilité). Une carte est tirée après que chaque joueur a fini son tour, révélant un évènement très souvent négatif pour les joueurs.

Mais pas toujours: un exemple d’évènement favorable
La carte représente une partie de l'Europe et une zone complète dédiée à Berlin. La majorité des villes/lieux de Berlin contiennent un item caché et une capacité spéciale (principalement pour diminuer sa suspicion mais j'y reviens). Les numéros sur les lieux indiquent quand les personnages peuvent s'y rendre: il correspond au numéro du paquet d’évènements en cours. Les lieux avec un 7 barré ne peuvent plus être visités lors du dernier paquet d'évènements.
 
La partie gauche de la carte
Les 8 types d'item qui permettent de booster sa tentative d'assassinat ou à utiliser pour gérer sa Suspicion.

Chaque joueur a deux niveaux primordiaux à gérer: 
- sa Motivation à aller jusqu'au bout de sa mission: il faut la maintenir élevée afin de pouvoir jouer une carte "Plot" et tenter d'assassiner Hitler. A partir de Positive la capacité spéciale du personnage peut être activée. 
- le niveau de Suspicion que lui porte la Gestapo: plus elle est élevée plus vous risquez l'arrestation mais aussi de voir votre tentative d'assassinat échouer.

Au début: pas très motivé mais quasi indétectable
Et comment on l'assassine le Führer? Il faut avoir en main une carte "Plot" et remplir les conditions pour la jouer: avoir une Motivation suffisante, remplir les conditions de la carte (être avec Hitler, quand il se déplace, etc) et lancer les dés. Pour réussir, le nombre de cibles devra être égal au niveau de support militaire d'Hitler en cours sans faire plus de symbole Aigle que requis par son niveau de Suspicion. C'est le côté Ameritrash du jeu: j'ai fait une tentative pendant ma partie à 4 dés pour faire 2 cibles... et échoué.

Pour une première partie en mode facile.
Deux exemples de Plot: les éléments optionnels permettent de lancer plus de dés.

Pour terminer de survoler les principes du jeu voici les actions qu'un joueur peut effectuer à son tour (3 par tour):
- Conspirer: très utile et original: chaque action dépensée permet de lancer un dé (jusqu'à 3 donc). Les cibles sont stockées sur une piste, lorsque 3 cibles sont collectées par les joueurs, elles sont dépensées pour soit augmenter la Motivation d'un personnage soit diminuer le support militaire d'Hitler. Chaque symbole aigle augmente de 1 le niveau de Suspicion du lanceur. Les valeurs sur les dés sont additionnées et donnent autant d'actions au joueur. A double tranchant mais indispensable et réalisable qu'une fois par tour.
- Se déplacer d'un espace
- Piocher une carte
- Jouer une carte
- Partager un item ou une carte avec un autre personnage
- Fouiller le lieu (révéler le pion face caché)
- Prendre l'item révélé sur le lieu
- Jouer l'item pour bénéficier de la capacité du lieu
- Délivrer un personnage emprisonné (car oui la Gestapo lance des Raids et arrête les personnages les plus suspects pour interrogatoire... et là, c'est compliqué!)
Le genre de cartes que vous pouvez piocher. En rouge les cartes qu'il faut défausser quand la Gestapo rôde

Alors quel retour de ma tentative en solo? Déjà oui le jeu peut très bien se jouer seul: tout est joué face visible, il suffit donc de prendre deux personnages. C'est un cas de figure présenté dans les règles. 

Comme souvent avec les jeux coopératifs on se laisse déborder par les évènements et les éléments du jeu, ne sachant quelle direction prendre pour optimiser ses actions. J'ai eu bien du mal à faire baisser le support militaire qui était fréquemment bloquer au max à 7. Autant dire qu'il est impossible de tenter quoique ce soit à ce niveau. Ensuite gérer les niveaux des personnages n'est pas aisé! Il faut monter sa Motivation sans cesse, beaucoup d'évènements la diminuant, et limiter au maximum sa Suspicion sous peine de finir dans les geôles nazies, franchement peu accueillantes.
Les évènements, qui amènent l'incertitude, permettent très souvent de déplacer le pion Hitler ou ses aides de camps (5 au total: Goebbels, Himmler, Hess, Goering et Bormann) qui pourrissent le personnage qui commence son tour sur le même lieu. Essentiel pour le chaos du jeu j'ai trouvé un poil fastidieux ces déplacements très fréquents.

Ciao Hess! Mais ce n'est pas gratuit, 3 cartes évènements en moins, donc moins de temps!

Comme je le disais ma seule tentative d'assassinat s'est soldée par un échec aux dés mais j'ai dû m'arrêter au paquet 5 faute de temps. Je pense que j'aurais eu bien du mal à provoquer d'autres tentatives. Le jeu est donc dur à gagner (pas à jouer, il s'agit d'un jeu que je situerais au niveau d'un Pandemic (très) amélioré) et c'est tant mieux. A mon avis certains joueurs vont détester lancer des dés dans un jeu d'optimisation d'actions et subir les évènements. La partie est bien scriptée sur l'Histoire, les évènements de chaque paquet étant chronologiques et très immersifs.

Pour ma part j'ai passé un bon moment mais je n'y rejouerai pas seul. Un jeu coopératif sans réelle coopération autour de la table? Certains jeux peuvent s'y prêter assez facilement mais j'attends vraiment d'échanger avec les autres complotistes autour de la table. Les parties risquent d'être mouvementées! En plus le jeu permet quelques interactions intéressantes entre les joueurs, ce qui est un gros plus.

La situation à la fin de ma partie (milieu du paquet 5): un personnage en prison, un autre qui l'évite de justesse et un Hitler peut supporté mais bien vivant
Je pense donc que voilà un jeu aux qualités multiples: facile d'accès mais suffisamment riche pour développer un thème omniprésent, une qualité de matériel et de graphisme totalement immersive (c'est vraiment très beau!) et un vrai challenge pour gagner. Je le conseille donc à tout ceux dont le thème et ce type de mécanique peuvent plaire ou qui souhaitent se plonger dans la peau de Tom Cruise en Claus von Stauffenberg dans Walkyrie!

Arnaud